Notre société s'est dotée de nombreux indicateurs pour mieux s'évaluer, comme le PIB, le Dow Jones, le Cac 40 ou le taux de croissance. Or, tous ces indicateurs ont un point commun : ce sont tous des indicateurs économiques.
Mais la bonne santé d'une économie serait-elle une fin en soi ? Bien sûr que non, qui peut croire qu'un taux de croissance de 3% va automatiquement assurer bonheur et prospérité à tous, alors qu'il suffit d'ouvrir les yeux pour constater que, au mieux, seuls quelques miettes de croissance profitent au moins lotis, et qu'au pire, leur situation empire !
Alors, ces indicateurs, bon à jetter ? Non, il ne sont pas inutiles, mais insuffisants. Il est nécessaire, au travers des divers indicateurs, de rappeler que l'économie n'est qu'un moyen, et que la personne humaine et son environnement sont la finalité.
Ainsi, de la même manière qu'il existe des indicateurs économiques, le RAI (Réseau d'Alerte sur les Inégalités) développe et alimente un indicateur social : le Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté, alias le BIP 40 (40 pour évidemment faire référence au CAC 40).
Je vous laisse le loisir de découvrir le BIP 40, l'évolution de la valeur de cet indicateur et sa méthodologie de calcul (inutile de farfouiller de longues heures pour obtenir cette information à la différence de la plupart des indicateurs économiques). Mais force est de constater l'impact psychologique énorme de ce baromètre, qui en se plaçant sur le même plan qu'un CAC 40, démontre à quel point la richesse de la sphère économique n'a d'utilité que si elle est au service de la sphère sociale.
Dans un cadre plus large, la quasi-abscence d'indicateurs non-économiques nous rappelle l'urgence de s'interroger sur la définition de la richesse. Réduire la richesse à la richesse marchande est une erreur qu'il est nécessaire de combattre.
Évidemment, mesurer l'utilité sociale n'est pas si aisée que mesurer la valeur marchande des 40 plus grandes entreprises françaises, mais c'est un travail nécessaire et prioritaire sur la mesure de l'utilité économique : les indicateurs économiques n'ont de sens que si nous avons les indicateurs sociaux pour évaluer de l'utilité sociale des premiers.
De plus, les indicateurs ne sont que des indicateurs, même si certains l'oublient un peu trop en ce qui concernent les indicateurs économiques, et ces nombres bruts doivent être complété d'analyses de fond. C'est ce que fait l'autre grand site français sur les inégalités :l'Observatoire des inégalités. Ce tout aussi intéressant site salue d'ailleurs celui qui constitue son parfait complément dans l'article Inégalités : le nouvel âge de l'information, qui commente l'apparition du site du BIP 40.
Enfin, ne perdons pas de vue qu'« un sous-système ne peut réguler un système qui l'englobe », ainsi « l'économie est incluse dans la société, elle-même incluse dans la biosphère ». Et puisque nous ne sommes pas maître de notre environnement, il nous faut le respecter dans notre propre intérêt, ce qui implique qu'il est également nécessaire de définir des indicateurs environnementaux.
JSL (dernière modification sur le fond datant du 8 juin 2004)
(ajouté le 11 juin 2004)
Une des réactions que j'ai pu reçevoir après la publication de cet article m'invite à vous parler de l'IDH (Indice de Développement Humain), calculé tous les ans par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) pour chaque pays.
L'IDH comporte trois éléments : la durée de vie, mesurée d'après l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'instruction, mesurée par un indicateur alliant pour deux tiers le taux d'alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux brut de scolarisation combiné (tous niveaux confondus), et enfin le niveau de vie, mesuré d'après le PIB par habitant (exprimé en PPA, ou parités de pouvoir d'achat)
Des valeurs minimales et maximales ont été fixées pour chacun de ces éléments :
Tous les indicateurs entrant dans la composition de l'IDH se calculent selon la formule générale suivante : Valeur réelle - valeur minimale / Valeur maximale - valeur minimale
L'IDH est la moyenne arithmétique de la somme des trois indicateurs.
En guise de conclusion personnelle, je dirais que l'IDH est un indicateur intéressant, mais qui cache complétement les inégalités intra-nationales. Le BIP 40 en est donc son parfait complément.
idoric (dernière mise à jour sur le fond : 2004-06-11)